- ruffian
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• XIVe; it. ruffiano, du rad. germ. hruf « croûte », pour qualifier, par métaph., la rudesse, la grossièreté♦ Vx ou littér. Entremetteur, souteneur. « une espèce de grand voyou, commissionnaire, marchand de journaux, surtout ruffian » (Larbaud).⇒RUF(F)IAN, (RUFIAN, RUFFIAN)subst. masc.Vieilli ou littér. Homme débauché, vivant avec des femmes de mauvaise vie, souteneur; p. ext., voyou. Par une laide nuit, advinrent des filous et des ruffians qui tentèrent d'enlever le magot (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 120). Les jeunes [hommes] ont (...) des figures de ruffians sous des boucles gommées: je les soupçonne fort de trafiquer de leurs sœurs (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p. 181).REM. 1. Rufien, subst. masc., vx, synon. de ruf(f)ian. Cette femme est avec son rufien (Ac. 1835, 1878). Des fils de rufiens, nés dans les mauvais lieux. Enrichis, se voyaient choyés comme des dieux (POMMIER, Colères, 1844, p. 5). 2. Ruffianesque, adj., hapax. [Cenci] (...) entre dans (...) le monde du Directoire, avec son charme d'étranger (...), son patois gazouillant, ses façons chattes et ruffianesques (GONCOURT, Journal, 1861, p. 949).Prononc. et Orth.:[
]. Ac. 1694-1878: rufien, 1878: ,,on dit aussi rufian``, 1935: rufian, ruffian. Prop. CATACH-GOLF. Orth. Lexicogr. 1971, p. 295: rufian. Étymol. et Hist. a) Déb. XIVe s. rufïen, rufïanne « entremetteur, entremetteuse » (Jeu d'amour, éd. E. v. Kraemer, 857); fin XIVe s. rufïen « débauché » (E. DESCHAMPS, Balade ds Œuvres, éd. Queux de Saint-Hilaire, t. 5, p. 142, 9); 1399 ruffien (lettre de rémission ds DU CANGE, s.v. ruffiani); b) 1449 ruffian nom péj. donné par dérision aux gardes (A.N. JJ 179, pièce 121 ds GDF. Compl.); 1512 rufian « entremetteur » (Le Contreblason des faulses amours ds G. ALEXIS, Œuvres, éd. A. Piaget et E. Picot, t. 1, p. 302, 588). Empr. à l'ital. ruffiano « entremetteur » (dep. le XIIIe s. d'apr. DEI), aussi rofian, rofiano en Italie du Nord (d'où l'a. prov. rofian, rofien, dep. 1213), dér. de roffia « saleté », de l'a. h. all.
« escarre, croûte ». Voir FEW t. 16, pp. 251b-252; HOPE, p. 49; G. HOLTUS ds Z. rom. Philol. t. 93, p. 531. Fréq. abs. littér.:48.
ÉTYM. 1512; cf. anc. provençal rofian, 1213; ruffien, rufien du XVIe au XVIIIe; ital. ruffiano (XIIIe), du rad. germanique hruf « croûte », qualifiant par métaphore la rudesse, la grossièreté, la bassesse.❖1 Vx. ou littér. Entremetteur, souteneur. → Montrer, cit. 32. REM. Le mot a vieilli au XIXe; de nos jours, il est d'emploi littéraire ou historique, et peut avoir la valeur extensive de « mauvais garçon ». || Villon, « ce truand, ce ruffian, ce malandrin » (cit. 2).1 Les ruffians, ou les souteneurs sont des hommes avec qui elles (les prostituées) vivent et qui, dans les occasions, font le coup de poing pour elles.Le Palais royal (1815), p. 122 (in G. Matoré, le Voc. et la société sous Louis-Philippe, p. 183, Note 1).2 (…) j'ai lié conversation avec une espèce de grand voyou, commissionnaire, marchand de journaux, surtout ruffian.Valery Larbaud, Barnabooth, Journal, II, 6 juin.♦ Vx. Débauché. || « Pour un jeune ruffian terrassant sa maîtresse » (→ Poignet, cit. 3, Baudelaire).b Mod. (Probablt d'après l'angl. ruffian « assassin, tueur », 1531). Bandit, aventurier peu scrupuleux. — REM. Ce sens a probablt été influencé par l'emploi du mot dans les films d'aventures américains.
Encyclopédie Universelle. 2012.